L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Je t'aime, moi non plus
On annonce ponctuellement la mort du western. Depuis sa chute, au
milieu des années 60, le genre n’en finit pourtant pas de se relever.
Derniers exemples: le succès critique de la série télévisée Deadwood,
qui narre le quotidien de pionniers dans une petite ville anarchique de
l’Ouest sauvage, et la sélection à la très prestigieuse Mostra de
Venise de L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, film
crépusculaire sur le fameux bandit sudiste.
Pour un deuxième film (après "Chopper", en 2000, qui déjà traitait
du plus grand criminel australien), c'est un chef d'oeuvre que livre le
Néo-zélandais Andrew Dominik. Une superproduction au long cours (2h40),
plus film psychologique que film d'action, situé dans les grands
espaces vides des Etats-Unis, dans la meilleure veine d'Hollywood, de
John Ford à Terence Malick.
Outre
les qualités quasi hypnotiques des images, le film, tiré du roman
éponyme de Ron Hansen, offre deux grandes prestations d'acteurs. L'un,
superstar, Brad Pitt (également coproducteur du film avec Ridley
Scott)) y apparaît sous un jour sombre, mélancolique qui lui a valu la
coupe Volpi du meilleur acteur au Festival de Venise pour son
interprétation du mythe vivant que fut Jesse James. L'autre, véritable révélation, Casey Affleck (ne pas confondre avec son
frère Ben), extraordinaire dans le rôle du jeune homme veule qui
l'assassina pour l'avoir trop aimé.
Non content de nous renseigner sur
la réalité du fameux hors-la-loi et de faire la part de la légende, le
film dit en filigrane quantité de choses sur les névroses congénitales
de la nation américaine.
Jadis considérés comme des amusements pour public bas de plafond, les films traitant de l’Ouest sauvage appartiennent désormais à la catégorie des productions prestigieuses, sélectionnées dans les plus grands festivals du monde. Si Ronald Reagan l’avait su…