"Boulevard de la mort"
Le retour de Tarantino
On connaît l'amour immodéré de Quentin Tarantino pour la
sous-culture et les films de série Z. Après le pastiche des films
d'arts martiaux dans "Kill Bill" 1 et 2, le réalisateur américain tombe
un cran en dessous et nous régale avec "Boulevard de la mort", une
pochade réalisée avec son pote Robert Rodriguez. Le titre original
"Death Proof" (à entendre au sens de "water proof") est comme toujours
beaucoup mieux adapté à ce film divisé en deux parties qui imite les
films Grindhouse des années 70 donnés dans les drive-in, avec en ligne
de mire des films cultes comme "Point limite zéro" de Richard Sarafian
(1971).
Ces productions à tout petit budget, donc sans stars, au scénario sans queue ni tête, saturées de castagne, de bagnoles, de gonzesses, de zique, de gnole et de clopes, étaient tout juste bonnes à servir de toile de fond aux embrassades des amoureux dans les voitures.
"Boulevard de la mort", qui a fait un bide auprès des Américains qui n'apprécient guère le pastiche, a en revanche fait le bonheur des cinéphiles au dernier festival de Cannes où il concourrait dans la prestigieuse compétition officielle, treize ans après la Palme d'or obtenue par Tarantino pour "Pulp Fiction".
Ce qui fait tout le charme de "Boulevard de la mort" - et qui justifie sa sélection à Cannes - c'est son côté ringard ouvertement revendiqué avec des filles très sexy et vulgairissimes qui s'affichent comme des pétasses sans aucun complexe et s'éclatent sur le compte des pauvres types qui osent s'y frotter. Tarantino a poussé le vice (ou plutôt la virtuosité) jusqu'à imiter les imperfections techniques de ces films populaires du samedi soir de l'Amérique profonde: grain de l'image, léger décalage image son, couleurs mal étalonnées... Avec des clins d'oeil en pagaille dans la forme, dans le casting et même des fausses bandes-annonces insérées entre les deux films.
Ju-bi-la-toi-re!