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Des gouts et des couleurs...
3 mai 2009

Suites américaines

«Cher amour, ne t’inquiète pas de moi. Je suis bien arrivée. Il y a un peu de désordre mais la nourriture est très bonne. Surtout ne t’en fais pas. Ça se passera mon cher aimé.»

imagesLa lettre date de juillet 1942. Irène Némirovsky vient d’arriver au camp de Pithiviers, dans le centre de la France. Elle a tout de suite été fichée: «Nom: Epstein née Nemirovsky. Prénoms: Irène, Irma. Date de naissance: 11 février 1903 à Kiev. Profession: Femme de lettres.» Sait-elle exactement ce qui l’attend? Elle s’emploie en tout cas à rassurer son mari, Michel Epstein: «Ça se passera…» Quelques mois plus tard, elle est déportée à Auschwitz. Michel Epstein, désespéré, écrit à Otto Abetz, alors ambassadeur d’Allemagne à Paris. Il fait valoir que sa femme «souffre d’asthme» et qu’«un internement dans un camp de concentration serait pour elle mortel». Il le sera.

Des documents officiels, des lettres, des carnets couverts de notes à l’encre bleue des mers du Sud, un sac à main, des plans pour des livres à venir, une carte du Musée Rodin, l’un de ses lieux parisiens favoris, et bien sûr la mythique valise ayant servi à transporter le manuscrit de Suite française…: telles sont quelques-unes des précieuses archives que l’on peut voir actuellement au Museum of Jewish Heritage de New York, dans le cadre d’une exposition intitulée Woman of Letters. Irène Némirovsky and «Suite française». Initialement prévue jusqu’en mars, cette exposition, victime de son succès, a été prolongée jusqu’au 30 août. Elle aura ainsi duré près d’un an. Un record pour un événement de cette nature aux Etats-Unis. Un fait marquant aussi, alors qu’au moment de sa préparation, en 2007, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme n’avait pas souhaité l’accueillir, arguant du fait que la romancière, dans les années 1930, aurait fait preuve d’une vraie ambiguïté à l’égard de l’antisémitisme.

Les Américains, quant à eux, ne se lassent pas d’entendre parler d’Irène Némirovsky. Quand ils découvrent Suite française en 2006, c’est «love at first sight», le coup de foudre. A peine le livre est-il publié par Knopf que les journaux s’enflamment. Presque trois pages dans la Book Review du New York Times, du jamais-vu!  Irène Némirovsky fait aujourd’hui partie des rares écrivains français connus du très grand public américain, aux côtés de Camus ou de Proust…!

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