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Des gouts et des couleurs...
2 janvier 2008

It's a free world

La loi du plus fort

Quel rabat-joie, ce Ken Loach! Le cinéaste anglais n'aura même pas eu la décence d'attendre que la dinde de Noël soit complètement digérée et que les bons voeux pour 2008 soient tous prononcés pour nous remettre le nez dans le... pitalisme.

Sacré farceur (quand on est Anglais, on ne se refait pas), le réalisateur nous assène un pavé dans la mare baptisé, avec une ironie délicieuse, «It's A Free World». Soit, littéralement, «C'est un monde libre», ou plutôt un monde libéralisé que Ken Loach décrit à travers le parcours d'Angie, jeune Anglaise débordant d'ambition.
Décidée à ne pas se laisser faire après avoir été virée comme une malpropre de son entreprise de travail temporaire, elle monte sa propre affaire avec l'aide de sa colocataire, Rose. Grâce à son énergie, son charme et sa combativité, elle parvient à se faire une place sur un marché extrêmement rude et fournit des ouvriers immigrés à plusieurs usines. Mais à trop vouloir sa part du gâteau, Angie risque de se brûler les ailes.
Explorant le marché du travail au noir, l'auteur de «My Name Is Joe» et «Le vent se lève» décortique la logique cynique du capitalisme sauvage et révèle un monde du chacun pour soi où la seule loi reste de se faire le plus de pognon sur le dos des autres en exploitant sans vergogne les plus démunis. Raconté à échelle humaine, le constat n'a rien de théorique et s'incarne avec une puissance glaçante dans un récit à la fois subtil et épuré. Mais le grand intérêt du résultat est de nous forcer à nous identifier à une entrepreneuse, une patronne interprétée avec une fougue impressionnante par la magnétique Kierston Wareing.
Une petite révolution dans le cinéma de Ken Loach, généralement plus attaché aux héros prolétaires. C'est pourtant bien en épousant le regard de cette héroïne atypique et contradictoire, certes séduisante, mais pas franchement aimable, que le film gagne en complexité et pose quelques questions de morale essentielles.
Décidément très en forme depuis «The Navigators», Ken Loach continue à jouer à la perfection son rôle d'empêcheur de tourner en rond. Et ce en sachant se renouveler et nourrir son cinéma d'une efficacité de plus en plus admirable.

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Commentaires
J
j'aime beaucoup ses films (je crois d'ailleurs les avoir tous vu) un cinéaste contestataire ,intelligent et ..salutaire !<br /> je te salue Val'!!
E
Un film qui semble intéressant, qui pose bien la question de la liberté dans un monde dominé par le libéralisme.
O
Je reste souvent sur ma faim avec Ken Loach.<br /> Sans doute parce qu'il ne laisse aucune place à l'espoir dans ses films, pas une once d'horizon.<br /> Il montre la douleur ou le mal, sans en expliquer les causes ni en donner le remède.<br /> J'y retourne pourtant depuis l'explosif "Ladybird" y chercher un décidément introuvable.
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