Mon meilleur ennemi
L'autre Klaus Barbie
Un documentaire sans concession,
consacré à Klaus Barbie. À travers l'itinéraire d'un bourreau
ordinaire, ce film retrace l'histoire secrète du XXesiècle, ses omissions et ses contradictions.
Un
procès fleuve l'a condamné à la prison à vie en 1987 pour crimes contre
l'humanité. C'est la période connue des exactions de Klaus Barbie, le
chef de la Gestapo lyonnaise entré dans l'histoire de la seconde Guerre
Mondiale sous le surnom de « boucher de Lyon ». Mais après la
guerre, il a pu trouver refuge en Bolivie, où il a pris l'identité de
Klaus Altmann. Il a travaillé plus ou moins ostensiblement pour le
régime militaire au pouvoir. Mais il a été également l'auxiliaire des
services secrets américains. Un épisode globalement beaucoup moins
connu.
Aussi à son avantage dans le documentaire (Un jour en septembre sur l'attentat des Jeux de Munich en 1972) que dans la fiction (Le dernier roi d'Ecosse
à propos du règne d'Idi Amin Dada en Ouganda) le jeune Kevin Macdonald
revient aux images venues de la réalité pour écrire des pages
troublantes et effrayantes à la fois. Passons sur la fausse ingénuité
de sa fille, qui s'interroge sur le surnom donné à son père. «J'ai cherché,» dit-elle, le rapport établi avec «une profession tout-à-fait honorable».
En revanche le machiavélisme des services secrets américains fait froid
dans le dos. Selon le vieux principe en vertu duquel « les ennemis de
mes ennemis sont mes amis », l'ancien responsable SS devient un
interlocuteur privilégié du bloc occidental obnubilé par la Guerre
Froide. Dans la lutte contre les pays de l'Est et le système
communiste, il a l'avantage de l'antériorité et de l'expérience.
La
fin justifie les moyens, ce n'est pas seulement de l'histoire ancienne.
A travers des images d'archives saisissantes, Kevin Macdonald nous
parle d'aujourd'hui également. Les ambiguités, reniements, mensonges
qui ont valu pour cette époque-là ont encore cours dans le poudrier de
la guerre en Irak...