11 septembre 1973
Chili, 1973
La romancière chilienne Isabel Allende a rompu le silence qu'elle observait depuis la mort d'Augusto Pinochet en décembre 2006 pour déplorer que l'ancien dictateur soit resté impuni, sans avoir rendu de comptes pour les crimes commis sous son régime (1973-1990).
"Maintenant
qu'un peu de temps a passé, je peux dire que je déplore que Pinochet
soit mort en totale impunité, sans avoir payé pour ses crimes et sans
avoir rendu l'argent qu'il avait volé au Chili", dit la nièce de
l'ancien président Salvador Allende, mort en 1973 lors du coup d'Etat
dirigé par Augusto Pinochet.
Quelque 3.000 disparitions et
meurtres sont attribués au régime de Pinochet qui, bien qu'ayant été
poursuivi dans plusieurs affaires, n'a jamais été jugé. D'anciens
hauts responsables de la police secrète sous la dictature ont en
revanche été condamnés à de très lourdes peines de prison et environ
500 procédures pour des violations des droits de l'Homme sont en cours
dans les tribunaux chiliens.
Isabel Allende, 65 ans, auteur à
succès, a fui son pays en 1975 pour le Venezuela, avant de s'établir en
Californie (ouest). Elle a écrit plus d'une dizaine de livres traduits
dans une trentaine de langues et vendus à plus de 50 millions
d'exemplaires.
Lorsque Augusto Pinochet est mort le 10 décembre 2006 à l'âge de 91 ans, l'exilée chilienne était restée silencieuse.
"Je
ne suis pas le genre de personne à se réjouir de la mort de quelqu'un,
même s'il est mon ennemi. Je pense que Pinochet avait une famille, des
fils, des neveux qui l'admiraient et qui l'aimaient et cela ne me
correspond pas de critiquer dans la presse le défunt alors qu'ils sont
en train de le pleurer", explique-t-elle aujourd'hui dans un courrier
électronique.
L'écrivain vient de publier "L'addition de nos
jours", des mémoires, accompagnées de réflexions sociales, dans
lesquelles elle raconte la vie de sa famille à sa fille Paula, décédée
il y a presque 15 ans.
Mais l'auteur du best-seller "la Maison
aux esprits" (1982) assure que Pinochet n'apparaît pas dans ce nouvel
ouvrage, paru aux Etats-Unis en septembre.
"Le Chili
est un pays progressiste en politique, la preuve est qu'en 1970 a eu
lieu la première élection démocratique d'un président marxiste,
Salvador Allende. Et ce pays a été gouverné par une coalition de partis
centristes et de gauche depuis 1989", souligne-t-elle. "Cependant,
le Chili est un pays très conservateur sur le plan social et l'église
catholique exerce une grande influence. Le fait que Michelle Bachelet
soit socialiste n'est pas étonnant, ce qui l'est c'est le fait qu'elle
soit célibataire et agnostique", estime-t-elle.
Alors en pleine révolution des moeurs, le Chili ?