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Des gouts et des couleurs...
6 novembre 2006

"Les Bienveillantes"

Ouverture de la saison des prix littéraires


Je remonte ce post publié le 26 octobre car c'est Jonathan Littell qui vient de recevoir le prix Goncourt pour son roman : "Les bienveillantes".


L'Académie française a décerné sa prestigieuse récompense au jeune écrivain d'origine américaine pour Les Bienveillantes, également en lice pour Goncourt, Renaudot, Médicis, Femina et Interallié.

Premier prix de la saison littéraire : les Académiciens ont décerné leur Grand prix du roman, d'un montant de 7 500 euros, à Jonathan Littell pour Les Bienveillantes
Confession apocryphe d'un ancien officier SS, Les Bienveillantes, devance donc Marilyn, dernières séances de Michel Schneider (Grasset) et Ce qui est perdu de Vincent Delecroix (Gallimard), qui ont chacun obtenu 4 voix.

Les Bienveillantes ont constitué l'événement éditorial de la rentrée, avec plus de 200.000 exemplaires vendus. (Gallimard). Ce livre de plus de 900 pages, écrit en français par cet auteur américain de 39 ans, a été choisi à la majorité absolue du jury dès le premier tour.

Qui va donc recevoir le Goncourt à présent ?

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Commentaires
C
Oui le livre est difficile, oui il peut être percu comme pornographique, oui le personnage est caricatural. Mais, de la complexité de l'être humain, au risque de choquer toute la thèse du livre est de défendre un "bon" SS avec ses défauts et ses folies. Le livre est difficile à lire, mais il est très plaisant. La fin est un peu trop délirante à mon avis. Il est à conseiller pour de très bon lecteur.
A
Il est possible que ce roman, les Bienveillantes , soit le premier grand livre du XXI ème siècle. Dans notre monde post-moderne, il est comme un"retour du refoulé", venu de ces temps modernes où la technique a fabriqué des cadavres dans des chambres à gaz. C'est un livre trés difficile à lire, même si le lecteur s'accorde du temps et du courage. En changeant de siècle et de nouvelle économie psychique , en passant de la névrose à la perversion, on est passé de l'ère de la victime à l'ère du bourreau. Le récit, dense, aride parfois, pourrait engendrer, une fois encore, la fascination pour la barbarie. En transposant dans son roman l'immense documentation qui existe sur cette époque, J. Littell suscite l'envie de savoir, le désir d'Histoire, la volonté de comprendre l'une des pages les plus complexes et les plus prégnantes du siècle passé. Les lecteurs pensent trouver ce qu'ils cherchent dans Les Bienveillantes, car J. Littell revendique un implacable et irréprochable réalisme historique. Si l'Histoire est convoquée, c'est la magie de l'écriture qui opère. Le lecteur qui voudra en savoir plus devra se mettre au travail.<br /> J. Littell écrit en français , en imitant cette langue du III ème Reich, en Lingua Tertii Imperii (LTI) , mais sans la connaissance intime de la langue allemande, que l'ensemble des judaïsmes de la Mitteleuropa avaient tous placée en position de langue supposée du savoir<br /> ( Wissenschaft ) . Le texte est avant tout un objet littéraire. C'est d'abord un travail d'écrivain. L'habillage historique est quasiment sans faille, saturé par la masse documentaire ( à comparer, par exemple, au chapitre VII du livre de Raul Hilberg - La destruction des juifs d'Europe : Les opérations mobiles de tuerie - ) . L'histoire personnelle subjective de Max Aue, est fragmentée, dispersée à travers tout le livre. C'est le moteur du roman, branché directement sur l'inconscient de l'auteur et celui du lecteur. Les faits intimes sont contradictoires, changeants , rêvés , fantasmés, hallucinés, refoulés.<br /> <br /> Ce roman est comme une tentative d'approche du Réel : La notion de « réel » a souvent été employée pour expliquer l'impossibilité d'expliquer . C'est un lieu symbolique où jamais aucun humain n'a, n'a eu, ni n'aura accès. C'est l'endroit où se trouvent archivés à foison tous les outils nécessaires à l'exercice de l'art. C'est la demeure des trois grands "A". L'Art, l'Autre et l'Amour. On y trouve en nombre infini, toutes les lettres nécessaires à l'écriture d'un roman… Plus vous en utilisez, plus il y en a ! ( d'aprés Charley Supper ).<br /> <br /> Développements : http://members.aol.com/lyonelb/bienveillantes.html
N
J'ai pour l'instant lu 200 pages, je n'ai pas eu de "choc" mais suis très intéressée par cette vision originale d'une période historique pourtant bien connue. Je vais donc poursuivre ma lecture.
P
Incroyable qu'un tel roman ait un si grand succès : en effet, de par sa forme il est profondément anti-commercial : C'est une première oeuvre littéraire de 903 pages en petits caractères, peu de paragraphes, le livre est divisé en grande parties mais il n'y a pas de chapitre, seuls quelques lignes sont parfois sautées. Le sujet, également, est le contraire de la légèreté : difficile de faire plus sérieux et grave. Et enfin, l'originalité du livre : le fait qu'on suive l'Histoire du côté des bourreaux, cela pourrait chambouler quelques idées reçues qu'on cultive pour se protéger de cette horreur qu'est la guerre, dont on dit, à tort, qu'elle est inhumaine.
P
Roman extraordinaire. Bien sûr il faut prendre son temps pour lire les 900 pages, mais quel plaisir sans cesse renouvelé. Tout le bien qui a été dit du livre est amplement justifié. Un livre qui compte.
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