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Des gouts et des couleurs...
17 mai 2009

Gran Torino

Clint au sommet

Walt Kowalski, un homme pétri de préjugés vit seul dans un quartier peuplé d'immigrés. Il va pourtant se lier d'amitié avec un jeune garçon qui, sous la pression d'un gang, avait tenté de lui voler sa voiture.

19057560_w434_h_q80Gran Torino après L'échange. Deux films dans la même saison. Trop fort, le maître. Même Woody Allen le plus prolifique des réalisateurs américains ne parvient pas à suivre le rythme. Pourvu que ça dure, parce qu'à 78 ans Clint Eastwood n'a jamais été en aussi grande forme cinématographique.

Il est devant et derrière la caméra. Il prête ses traits burinés à un certain Walt Kowalski, un ancien de la guerre de Corée fâché avec tout le monde. Sa famille qu'il ne fréquente qu'à l'occasion de rares obligations sociales. Ses voisins qui ont à ses yeux le tort de venir en masse de contrées asiatiques. Alors, sa femme qu'il vient d'enterrer le laisse seul avec ses préjugés, ses colères, ses récriminations. Avec aussi sa chienne Daisy et avec sa vieille Ford Gran Torino, prestigieux souvenir des années passées chez le constructeur automobile.

Il est insupportable, et on l'adore. Vieux bougon qui ronchonne à la moindre contrariété, tellement maniaque et coincé qu'il en devient touchant et risible: «Vous êtes marrant,» lui dit sa jeune voisine. «On m'a traité de tout mais jamais de ça,» réplique-t-il étonné. Mais ça y est, le contact est noué, et peu à peu le faux dur va se défaire de la cuirasse de ses certitudes. Il sait que la mort n'est pas loin de lui donner rendez-vous, mais il découvre à nouveau le seul bien-être qui soit dans l'existence en s'ouvrant aux autres et à lui-même.

Un tel cadre aurait conduit le jeune Eastwood, époque Inspecteur Harry, dans les pas d'un vengeur violent tirant sur tout ce qui le contrarie au nom de l'auto-défense. Mais on est ici dans un scénario subtil et habile, qui se faufile au coeur des sujets chauds de la société d'aujourd'hui, entre immigration, tolérance, violence. La tension est là qui s'installe, efficacement entretenue par une mise en scène habile à distiller des pauses d'humour pour désamorcer le drame naissant. Le récit nous offre la compagnie d'un homme qui cherche l'apaisement et la sérénité au moment de devoir rendre des comptes, à Dieu, à la société, à lui-même. « Je suis en paix, » confesse-t-il à ce prêtre qu'il est allé voir, juste pour tenir la promesse consentie à son épouse sur son lit de mort. Droit, magnanime, rigoureux, il accepte de se confronter à son passé pour expier la faute qui depuis le torture. Au plus fort d'une émotion dirigée avec pudeur et doigté, Clint Eastwood tout en humanité bouleversante décline l'essentiel des thèmes qui ont fait son cinéma. Et prend son rang dans le panthéon des maîtres.

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