Le Premier jour du reste de ta vie
Un petit chef d'oeuvre d'intelligence
Le premier jour du reste d'une vie. Comme le jour où une adolescente
referme la porte sur son enfance perdue. Celui qui voit le petit
dernier quitter le foyer, celui d'un mariage ou du décès d'un parent.
Cinq jours décisifs pour cinq membres d'une même famille dite
«normale», composée d'un père et d'une mère qui s'aiment (Jacques
Gamblin et Zabou Breitman, couple attachant), et de leurs trois enfants
(Déborah François, Marc-André Grondin et Pio Marmaï, tous trois
excellents) qui s'adorent, se détestent, s'entraident, se caftent et se
tapent dessus, c'est selon.
Immergé au sein de leur vie familiale, le réalisateur Rémi Bezançon
décortique avec finesse les relations de chacun. Il épluche les liens
qui les unissent, scanne leurs sentiments, analyse leur construction
personnelle par rapport au groupe, filme leurs engueulades comme leurs
fous rires et sublime la fratrie avec une sincérité déconcertante. Le
réalisateur de Ma vie en l'air (2004) traque les étapes importantes de
leur vie sans jamais tomber dans le pathos, le voyeurisme ou le
larmoyant. Quand le film se fait émouvant, c'est en toute simplicité.
Le Premier jour de ta vie respire la sensibilité.
Il y a aussi les acteurs. Zabou, Gamblin, les jeunes Marc-André
Grondin et Pio Marmaï, ou encore Déborah François qui confirme, après
La Tourneuse de pages de Denis Dercourt (2006), un indéniable talent.
Finement ficelé, le montage épouse avec poésie un scénario abouti,
mais dont certains argueront qu'il fleure bon la publicité sur
l'assurance maladie (on ne vous en dira pas plus). Et malgré une fin à
répétition et le coup de massue administré (entre autres) par la
musique de Lou Reed (Perfect Day) sur fond d'images souvenirs, Le
Premier jour du reste de ta vie est certainement l'une des plus
agréables surprises en provenance du cinéna français depuis quelque
temps.