Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des gouts et des couleurs...
22 mai 2008

Un inédit de Rimbaud ?

Info ou intox ?

Elle est retrouvée! Quoi? Pas l'Eternité, hélas. Non, l'unique collaboration - à ce jour - d'Arthur Rimbaud à un quotidien.

On savait que le poète avait des velléités journalistiques. Jusqu'à maintenant, on croyait qu'aucun de ses articles, envoyés alors qu'il était encore lycéen au directeur du Progrès des Ardennes, n'avaient été publiés. L'étonnante découverte, en avril dernier, du cinéaste Patrick Talierco, vient infirmer cette certitude.
En repérage à Charleville-Mézières, lieu de naissance de l'auteur des Illuminations, le réalisateur est tombé chez un bouquiniste sur de vieux exemplaires du journal. En parcourant l'un d'entre eux paru en novembre 1870, il a découvert un article titré Le rêve de Bismarck signé par un certain Jean Baudry. C'est justement le nom de plume que s'était choisi le poète, alors âgé de 16 ans, pour écrire dans la presse.
«On savait, par son ami Delahaye, que Rimbaud avait écrit un texte sur Bismarck sous ce pseudonyme et qu'il l'avait proposé au Progrès, explique Patrick Talierco dans un entretien accordé à L'Ardennais. «Mais a priori personne ne savait qu'il avait effectivement été publié». Le poète lui-même n'aurait pas été averti de cette publication.
La nouvelle a fait l'effet d'une bombe dans les rangs des rimbaldistes. Elle augure de prestes remaniements de biographie. Depuis 1940, en effet, aucun inédit du poète aux semelles de vent n'avait refait surface.
Sur la Toile, l'heure est plutôt au doute: certains remettent en cause l'authenticité du texte. Un dénommé Raphaël Zacharie de Izarra, déjà auteur de faux littéraires, se répand sur de nombreux blogs pour revendiquer la paternité de ce Bismarck. «La rédaction du texte «à la Rimbaud» fut l'étape la plus facile et la plus plaisante de l'entreprise», assure le prétendu faussaire.
Preuve de ce scepticisme: aucune agence de presse n'a pour l'instant relayé l'information. Les spécialistes, eux, se montrent très discrets. Seul Jean-Jacques Lefrère, l'un des plus fameux biographes «rimbaldien», s'est déclaré convaincu que d'autres oeuvres de Rimbaud pourraient figurer dans les rares exemplaires encore intacts du Progrès.
«La question de l'authenticité est précisément à mettre sur le compte du caractère tout à fait inattendu de cette découverte», souligne-t-il sur le site du Nouvel Observateur. En précisant que ce texte ne devrait toutefois pas bouleverser «la connaissance que l'on a aujourd'hui de l'oeuvre littéraire de Rimbaud. Il a avant tout une valeur biographique et psychologique».
L'article du poète, qui ironise sur l'ennemi prussien, témoigne quoi qu'il en soit d'un art subtil de la caricature. «Triomphant, Bismarck a couvert de son index l'Alsace et la Lorraine! - Oh! sous son crâne jaune, quels délires d'avare! Quels délicieux nuages de fumée répand sa pipe bienheureuse!». Pas de doute: ça ressemble à du Rimbaud, ça en a le souffle et la musique. Comme en avait aussi La chasse spirituelle, un texte retrouvé en 1949. Et qui s'avéra être un faux.

Publicité
Publicité
Commentaires
R
COMMENT J'AI FAIT LE FAUX "INEDIT DE RIMBAUD" (Le rêve de Bismarck)<br /> <br /> A propos de l'affaire de l'inédit de RIMBAUD, certains "spécialistes" pensent que je suis incapable de faire un faux sur le plan technique.<br /> <br /> Justement, si.<br /> <br /> Toute la question avec mes détracteurs était là, sur le plan strictement technique. J'avais déjà expliqué ma méthode et mon mode opératoire. Tactique, technique bien sûr mais surtout stratégie. Avec ma patience, mon réseau de complices, il n'a pas été insurmontable de monter ce fameux coup avec RIMBAUD. <br /> <br /> Je ne travaille pas, j'ai tout le temps pour élaborer des impostures de ce genre. <br /> <br /> J'ai beaucoup de pouvoir de persuasion, un vrai sens de la psychologie, des relations dans divers domaines comme dans l'infographie et la sérigraphie, ce qui m'a été d'une aide précieuse. J'ai également des contacts avec des étudiants en chimie de l'Université du Mans qui me conseillent et m'aident (les étudiants ayant le sens de la potacherie plus développé que leurs professeurs). <br /> <br /> Si vous saviez tout ce qu'on peut faire quant on a de l'audace...<br /> <br /> Ce que vous avez vu c'est le côté éclatant de l'affaire. Mais pour qu'une imposture de cette envergure sorte, il faut s'y prendre avec méthode et ambition. Plusieurs sont tombées à l'eau et cela nul ne le sait. Il n'y avait pas que RIMBAUD qui était sur la "liste d'attente". J'ai fait des faux pour plusieurs auteurs, sachant pertinemment que sur une quinzaine de fusées médiatiques une seule parviendrait à décoller, voire deux peut-être. Ce qui permet de réussir une telle imposture, c'est la multiplication des "rampes de lancements". Les autres impostures que j'ai entreprises n'ont pas été jusqu'à leur terme mais peu importe : le but n'était pas que les 15 coups réussissent, le but était de multiplier les "mises à feu" pour que l'une des 15 impostures au moins aboutisse.<br /> <br /> Au départ je ne savais pas laquelle des 15 impostures allaient aboutir, bien entendu. J'ignorais quel texte issu des huit auteurs célèbres choisis (j'ai lancé une quinzaine de textes izarriens signés de huit auteurs célèbres différents) allait être "exhumé de l'oubli"... Au départ je ne savais pas quel ou quels "inédits" allaient être "découverts" dans un des endroits fixes ou réseaux de circulations stratégiques où je les avais placés (bibliothèques, bouquinistes et même dans un endroit que je ne peux révéler ici). L'important était qu'au moins un de ces textes sorte de "l'oubli".<br /> <br /> En ce qui concerne le support, j'ajoute que chez n'importe quel bon bouquiniste même de province, pour peu que vous payiez le prix vous pouvez obtenir des feuilles vierges de différents formats et plus ou moins jaunies datant du XIX, voire du XVIIIème siècle (entre 100 et 200 euros la dizaine ou vingtaine de feuilles). Chez le bouquiniste au Mans, l'Athanor, je les ai eu pour un peu plus de cent euros.<br /> <br /> Les "spécialistes" du vieux document sont des ânes. Bernés avec une centaine d'euros !<br /> <br /> Bref, tout cela mes détracteurs ne le savent pas et c'est ce qui fait ma force : on croit impossible qu'une telle entreprise réussisse car on pense en terme de coup unique. Comme si j'avais lancé cette affaire de manière unique et ponctuelle, hasardeuse, presque irréfléchie...<br /> <br /> Or le nombre "d'inédits" mis dans des circuits privés et publics et la laborieuse, minutieuse mise oeuvre de ces affaires, parfois simultanément, parfois successivement (pour finalement n'en faire triompher qu'une seule -voire deux-), est supérieur à ce qu'on imagine. D'ailleurs on n'imagine rien de tout cela. On pense d'emblée, sans même se poser plus de question, que celui qu'on qualifie de "prétendu faussaire" -moi donc- aurait lancé sa petite pierre comme cela, de façon unique et aléatoire... Et donc cela semble improbable. <br /> <br /> Sauf que quand on a le temps, la motivation, l'audace, TOUT DEVIENT POSSIBLE. Ce qui paraît irréalisable est parfaitement réalisable et même dans les faits la réalisation de ce genre de chose est souvent plus facile qu'en théorie. <br /> <br /> Je le sais par expérience personnelle...<br /> <br /> Aucun spécialiste ne croit possible une telle entreprise. Certes, mais c'est parce que ces grands érudits pleins de certitudes techniques et littéraires pensent en termes non-izarriens.<br /> <br /> Seul JEAN TEULÉ est resté prudent et à mis en doute l'inédit de RIMBAUD.<br /> <br /> Raphaël Zacharie de IZARRA
R
L'article du "Monde" :<br /> <br /> Paris est venu au Mans. Ce qui équivaut, en terme professionnel, à un scoop. Du moins dans le cercle restreint des journalistes littéraires, appelés aussi dans notre jargon « mondains du livre ». Depuis là-haut, c'est un événement, une prouesse. Rappel d’une épopée locale qui avait fait deux ou trois vagues dans nos salons : quelques heures à peine après la révélation au grand public d’un inédit de Rimbaud (Le rêve de Bismarck) retrouvé chez un bouquiniste de Charleville-Mézières, un énergumène manceau revendiqua non sans fracas la paternité du document qui serait donc… Un faux ! Info ou intox ?<br /> <br /> A la rédaction les collègues ont bien ri. Il y avait de quoi, avec ma mission d’« envoyé spécial en province »… La décision résonnait désagréablement comme le coup de «sifflet de Jéricho» de l’officier de police plein d’avenir du Quai des Orfèvres rétrogradé du jour au lendemain à la circulation de la Place Clichy. Et j’ai effectivement été envoyé au Mans afin de tenter d’éclaircir ce mystère d’arrière pays. Merci le TGV. Bref, de retour avec mon papier, ils ne riaient plus du tout à la rédaction. Enquête.<br /> <br /> AUTEUR PROLIFIQUE<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra est un farceur.<br /> <br /> Un auteur prolifique aussi. Avec plein d’imagination.<br /> <br /> Un simple hurluberlu en mal de notoriété comme l’affirmait, un peu énervé, le plus grand spécialiste de Rimbaud Jean-Jacques Lefrère dans les pages du « Figaro Littéraire » ? Pas si sûr… Dès qu’on approche le phénomène, les certitudes toutes faites s’éloignent. Il y a fort à parier qu’au contact de ce fou follet, plus d’un routard de la presse reverrait son jugement. Un poids-plume de l’auto édition (il se répand sur Internet) capable d’ébranler des maisons : Izarra a du souffle, il faut lui reconnaître ce précieux avantage.<br /> <br /> FRISSONS<br /> <br /> Personnage machiavélique diraient certains… Angelot d’une désarmante naïveté pour d’autres. Prince cynique ou entité ailée, peu importe : le plaisantin ne manque pas d’atouts. S’il est vrai que le diable a plus d’un tour dans son sac, les anges n’en ont pas moins de la plume. Celui qui veut défier les exégètes de la littérature, pardon de la Littérature comme il le précise, est bien outillé. Ce maître du verbe joue de son art oratoire jusqu’à l’énième degré, là où commencent les premiers frissons. Déstabilisant.<br /> <br /> Le « clown à particule » s’avère être un morceau de choix pour tigres de rédactions, un cas d’école comme on en rencontre rarement dans une carrière de reporter. Un pigiste averti y regarderait à deux fois.<br /> <br /> Izarra, ça à l’apparence de l’ersatz, de loin ça n’a l’air de rien, de Paris on croit que c’est du toc… Et quand on vient chez lui au Mans pour une interview de près, pour de vrai, alors l’Izarra c’est de l’or en barre ! Foi de journaliste.<br /> <br /> L’animal est prêt. De mon côté, je fourbis mes armes. Ambiance règlement de compte à l’oral. L’interview commence mais c’est lui qui tient la baguette.<br /> <br /> Quand je l’interroge au sujet de cette affaire grotesque du « vrai-faux-Rimbaud » il ne se démonte pas. Ses yeux s’éclairent. Le masque de la sincérité l’habille tout de blanc. Et il a des arguments le renard ! Répondant point par point aux objections émanant de ses détracteurs, il se défend. Avec foi, panache, consistance. De telle façon qu’à mi-parcours de l’interview il est déjà permis de douter de la version officielle. Question de choix. En l’écoutant, intarissable, virtuose, charmeur, parfois excessif, toujours percutant, on se sent plus léger, libre de balancer entre vérité médiatique et doute « izarrien », qualificatif dont il abuse avec jubilation. C’est le cadeau qu’il nous fait : penser par soi-même. Raphaël Zacharie de Izarra est persuasif, il a l’art de soulever des questions que nul n’oserait effleurer.<br /> <br /> POLEMIQUE<br /> <br /> Ses arguments ? Contestables, soyons honnêtes. Contestables et pourtant… Pas tant que cela. Et c’est étrange, et c’est puissant, et c’est passionnant. C’est oui ou c’est non, c’est vrai ou c’est faux. Entre les deux, une infinité de nuances. Toutes déroutantes.<br /> <br /> Izarra a sa place dans la polémique et il tient tête. Il a pris le rôle du bouffon, qui n’est pas le plus facile. Rappelons que le pitre officiel du royaume assénait des vérités cinglantes au roi. Izarra se paye la tête du roi et c’est bien le seul : il n’y a qu’un bouffon dans tout le royaume pour user de ce droit. Les autres se taisent. Lui, il la ramène. Il fabrique du faux pour « mieux dénoncer une autre imposture : celle d’une certaine littérature » dit-il.<br /> <br /> Dans le détail son discours ressemble un peu à cette histoire de fous où l’un soutient que la bouteille est à moitié pleine pendant que l’autre s’évertue à démontrer qu’elle est à demi vide. L’un a tort, les deux ont raison et personne ne peut trancher. Ensuite c’est une question de crédibilité vestimentaire. La « vérité » du porteur de cravate sera toujours un peu plus « vraie » que celle de l’adepte de la chemise à carreaux. Izarra ne porte ni cravate ni chemise à carreaux, il arbore un front vaillant dénué d’artifice, affrontant nu les « cohortes de Bêtise parées de flatteurs, mensongers atours ».<br /> <br /> Même pour un reporter qui a de la bouteille, il serait trop facile de prendre à la légère l’édifice de papier de monsieur Izarra. Pour l’heure tout est théorie, démonstration intellectuelle, preuve par la dialectique et conviction intime. Le sieur Izarra est redoutable quand il s’agit de semer le doute. Et ça prend. A faire trembler les bases du plus orthodoxe des convaincus. Ca prend tellement bien que, séduit par le brillant discours, déjà convaincu mais pas tout à fait prêt à mettre la main au feu tout de même, on ne demande plus qu’à voir.<br /> <br /> ROCAMBOLESQUE<br /> <br /> Voir, c’est ce qu’il nous promet depuis le début de cette affaire décidément rocambolesque… Mais il n’est pas pressé d’apporter de la matière à son moulin à paroles. Izarra brille tant qu’il reste dans ses « hauteurs » abstraites, position stratégique bien commode dans laquelle il a tendance à s’éterniser… Sur la terre ferme son pied est plus glissant.<br /> <br /> Il a le temps pour lui, répète-t-il. «Je n’agis pas dans la précipitation, mon dessein est de plus grande envergure que de nourrir ces poussins de journalistes. Patience ! Au lieu de petit grain sans lendemain vous aurez la grosse pâtée pour l’hiver» confie-t-il, un brin malicieux.<br /> <br /> C’est vrai qu’il cause bien le contradicteur et qu’on serait prêt à se convertir à sa « vérité », à deux doigts du gouffre séparant « l’hérésie médiatique du ciel izarrien »… A condition de donner corps au discours. Bluffant pour ceux qui l’approchent, l’écoutent, le « sentent », simple zozo pour les autres qui n’ont pas eu le privilège d’un tête-à-tête, le personnage a de quoi faire peur.<br /> <br /> La première fois il avait même fait très peur : l’AFP lui reproche un séisme d’ampleur nationale provoqué par ses simples assertions. Pas si zozo qu’il en a l’air le « Zaza » !<br /> <br /> DU TEMPS<br /> <br /> Raphaël Zacharie de Izarra nous demande du temps, encore du temps pour prouver qu’il est l’auteur de cette farce. Mais où est la vraie farce ? Dans le document lui-même qui serait un « authentique faux » ou dans le formidable pouvoir de persuasion d’un mythomane de premier ordre ?<br /> <br /> Sa démarche, se justifie-t-il, est une oeuvre « de long terme, dense, complexe, nécessairement lente ». <br /> <br /> A la lumière de ses propos pour le moins convaincants, irritants, intrigants, presque fascinants, on lui laissera le bénéfice du doute. Mais pas trop longtemps. Pas trop longtemps monsieur Izarra : à la rédaction ils ne rient plus, mais alors plus du tout.<br /> <br /> R.S.<br /> (Le Monde)
P
Un très beau buzzzzzzzzzzz ^^
V
... aux 169 lecteurs de ce post en un jour ^^
F
Quel dommage que ce soit une affaire montée !
Publicité
Des gouts et des couleurs...
Publicité