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Des gouts et des couleurs...
6 novembre 2007

Un Goncourt bien pâle

N'est pas Le Roi qui veut

Alabama Song n'est pas qu'un air de Kurt Weill repris par les Doors ni même un roman américain mais le titre du Prix Goncourt 2007 décerné, hier, à Gilles Leroy (Mercure de France). Il n'a fallu pas moins de 14 tours de scrutin aux membres de l'Académie Goncourt pour s'accorder. Un temps de décision - ou plutôt d'indécision - qui indique qu'aucun auteur ne s'imposait véritablement; un temps de discussions qui trahit la faiblesse de cette cuvée 2007 par rapport à l'écrasante domination, en 2006, des Bienveillantes de Jonathan Littell, lui-même entouré de livres plus stimulants que ceux sélectionnés pour cette rentrée.

La dernière liste des ouvrages retenus par le jury du Goncourt, publiée fin octobre, a d'ailleurs confirmé cette absence de poids lourds. Cette liste conservait cinq ouvrages contre quatre en temps normal. Et le jeu s'est encore compliqué par l'irruption d'Amélie Nothomb (Ni d'Eve ni d'Adam, Albin Michel) qui, éjectée de la dernière sélection, est pourtant revenue en outsider, décrochant une voix au dernier tour. Beaucoup d'observateurs avaient d'ailleurs cru que son heure était enfin venue, mais - comme le confiait récemment un membre du jury à propos de l'auteure belge - les Goncourt hésitent à distinguer quelqu'un qui se retrouve à chaque rentrée en tête des ventes.
En écho à son titre qui lance le lecteur sur des pistes multiples, Alabama Song est un Goncourt en demi-teinte: il lui manque le poids d'un grand livre, le souffle d'une vraie création. C'est un roman qui ne manque ni de charme, ni d'élégance stylistique, ni de poésie, ni d'un trouble fécond, ni même d'audace, mais qui emprunte un monde littéraire au lieu de bâtir le sien.
Après la force des Bienveillantes de Jonathan Littell, Goncourt 2006, le contraste est total. Là ou un Américain écrivant en français affirmait haut et fort un personnage imaginaire de bourreau controversé, s'emparant de l'Histoire et déclenchant du coup une rude polémique, un auteur français s'avance, à la manière et à l'ombre d'un écrivain américain, caché derrière le visage d'une femme réelle, travesti, discret.
Peu de chance qu'Alabama Song déclenche une polémique, sinon parmi les admirateurs d'Ernest Hemingway qui, personnage là encore masqué sous le nom de Lewis O'Connor, est traité d'imbécile, de faux artiste et gratifié d'une liaison adultère avec le mari de Zelda.

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Commentaires
F
Moi, je veux lire le Pennac !!!
J
Au moins le livre est moins épais que celui de Littell !
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