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Des gouts et des couleurs...
9 octobre 2007

Mort aux cons

"Le temps ne fait rien à l'affaire..."

«Qu'est-ce qu'un con ?» Le narrateur du premier roman de Carl Aderhold n'y va pas par quatre chemins.
Las de composer et de subir, il se fait la main sur des animaux domestiques sous prétexte de créer du lien social, avant de passer aux choses sérieuses: la chasse aux cons. En un vertigineux crescendo, il se met à supprimer tous les emmerdeurs et toutes les emmerdeuses qu'il trouve sur son chemin. Ils tombent comme des mouches dans les pièges tendus, et, parfois, meurent d'une balle en plein cœur. Cette lutte sans merci a vite fait de lui le plus grand tueur en série de l'histoire: cent quarante victimes à son palmarès.

Le lecteur ne peut s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce tueur sain d'esprit (un psychologue s'y casse les dents et en perd la vie), intelligent et même délicat, n'était sa propension à rendre sa justice expéditive revendiquée comme une action philanthropique. Dans un jeu de l'esprit séduisant, le tueur d'Aderhold devient l'exécuteur de nos basses œuvres fantasmatiques, le vengeur de nos frustrations, de nos colères et de nos révoltes quotidiennes, même s'il n'est pas certain que cette complicité passive suffirait à garantir notre impunité. Nous voilà donc placés au cœur d'une question intéressante: qu'est-ce qu'un con ? Les cons foisonnent et nous pourrissent l'existence, qui ne s'en est jamais aperçu ? Le narrateur de ce roman ne tue pas à la moindre contrariété. Il ne «zigouille», comme il dit, que dans les cas de connerie avérée. Ce terroriste d'un genre inédit se double d'une sorte de philosophe acharné à définir et à classifier les différentes formes de connerie, champ théorique quasi insaisissable. Qui peut prétendre échapper à coup sûr aux tentacules de ce gigantesque empire? Le narrateur d'Aderhold zigouille au lieu d'écrire un bêtisier ou un dictionnaire des idées reçues, comme Flaubert, ce qui fait peut-être de lui le personnage le plus stupide du roman.

L'écrivain ne propose pas un roman d'épouvante ou un polar, Aderhold livre plutôt une pinte de bon sang contre le conformisme ambiant et les postures actuelles de la connerie traversant tout le champ social et toutes les classes de la société. Il part d'une idée et pousse le bouchon aussi loin que possible dans un roman finalement un peu lancinant. On ne va bien sûr pas crier au chef-d'œuvre, mais il y a dans ce petit roman cynique et raisonnablement bien troussé un côté jusqu'au-boutiste tout à fait plaisant, qui le rend presque recommandable.

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Commentaires
N
"Mort aux cons", un titre séduisant mais c'est tout! Le contenu n'est ni drôle, ni intéressant.
P
J'ai adoré ce livre !<br /> Achetez-le, vous ne le regretterez pas !
J
Et puis je suis contente qu'il marche et qu'on lui fasse de la pub parce qu'il faut écrire, le garçon, qu'il y prend visiblement plaisir, et qu'il est sympa en plus.<br /> (LISEZ THIERRY MARIGNAC!)
J
Bon, ça c'est marrant parce que Mort aux cons est le dernier bouquin sur lequel j'ai bossé chez Hachette Litt et le premier que j'ai trouvé plutôt plaisant. Mais bon, je me suis barrée avant de finir du coup il y a des longueurs... Maintenant tout est clair, nan?
P
Un vrai régal ce livre !
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