Mort aux cons
"Le temps ne fait rien à l'affaire..."
«Qu'est-ce qu'un
con ?» Le narrateur du premier roman de Carl Aderhold n'y va pas par quatre
chemins.
Las de composer et de
subir, il se fait la main sur des animaux domestiques sous prétexte de créer du
lien social, avant de passer aux choses sérieuses: la chasse aux cons. En un
vertigineux crescendo, il se met à supprimer tous les emmerdeurs et toutes les
emmerdeuses qu'il trouve sur son chemin. Ils tombent comme des mouches dans les
pièges tendus, et, parfois, meurent d'une balle en plein cœur. Cette lutte sans
merci a vite fait de lui le plus grand tueur en série de l'histoire: cent
quarante victimes à son palmarès.
Le lecteur ne peut
s'empêcher d'éprouver de la sympathie pour ce tueur sain d'esprit (un
psychologue s'y casse les dents et en perd la vie), intelligent et même
délicat, n'était sa propension à rendre sa justice expéditive revendiquée comme
une action philanthropique. Dans un jeu de l'esprit séduisant, le tueur
d'Aderhold devient l'exécuteur de nos basses œuvres fantasmatiques, le vengeur
de nos frustrations, de nos colères et de nos révoltes quotidiennes, même s'il
n'est pas certain que cette complicité passive suffirait à garantir notre
impunité. Nous voilà donc placés au cœur d'une question intéressante: qu'est-ce
qu'un con ?