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Des gouts et des couleurs...
7 septembre 2007

La vie d'artiste

La bohême

Alice rêve de se voir sur un écran de cinéma ou de brûler les planches. Mais pour l'instant, en guise de premier rôle, elle prête sa voix à Yoko Johnson, la courageuse détective d'un dessin animé japonais... Bertrand, qui tente d'achever son second roman, aspire à la consécration littéraire. En attendant, il enseigne le français dans un lycée, et n'est pas près de décrocher les palmes académiques... Quant à Cora, elle espère bouleverser le petit monde de la chanson française. D'ici là, il lui faut se contenter d'un modeste poste d'animatrice d'un bar karaoké... Tous les trois sont bien décidés à parvenir à leurs fins. Et tant pis si les chemins de la gloire sont semés d'embûches...

Sont-ils des artistes ? Eux-mêmes n’en sont pas vraiment sûrs, puisque, aujourd’hui, seule une reconnaissance de masse (Star’Ac etc.) stéréotypée, et souvent vulgaire, semble justifier cette appellation. Avec délicatesse, Marc Fitoussi montre que l’absence de reconnaissance altère la perception qu’ils ont de leur propre expression artistique. Malgré leur évidente sincérité, ils sont gagnés pas le doute et en oublient les raisons profondes de leur motivation. Gangrénés par la superficialité du monde qui les entoure, leur comportement n’est pas toujours recommandable et leur art peut devenir triste et superficiel.

Ces idées sont finement traduites par une écriture très sûre. Remarquable en tous points, celle-ci se distingue également en parvenant à conter, sans rupture, trois histoires entremêlées qui s’approchent sans jamais se rencontrer. Fluide et équilibrée, elle réussit la gageure de ne jamais donner la sensation d’assister à trois courts-métrages dissociés. La contrepartie de cette très grande précision, bien servie par une mise en scène sobre, est d’enfermer les personnages dans des scènes dignes d’un mécanisme d’horlogerie. Précise et minutieuse, chacune fonctionne très bien, mais ne laisse aucune liberté aux personnages. A ce niveau, le choix des comédiens, des « premiers-seconds » rôles sympathiques, s’avère fort judicieux. L’intransigeance d’Emilie Dequenne, l’ironie cassante de Sandrine Kiberlain ou la vanité de Denis Podalydès sont autant de défauts inattendus qui humanisent leur personnage sans altérer le capital sympathie dont ils disposent. En révélant ces pans de personnalité peu agréables, l’étau dans lequel l’écriture les avait enfermés se desserre quelque peu.

Rien de révolutionnaire pourtant, dans cette comédie douce-amère, plutôt fine, dont la tiédeur peut agacer. Seule surprise, ces trois destins qui permettent à l’auteur d’embrasser un large panorama des vicissitudes des milieux artistiques, ne convergent pas vers le final attendu d’un film choral. Car la vie d’artiste, avec ou sans Ferré, c’est avant tout la solitude.

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Commentaires
F
Un bon divertissement, qui ne révolutionne pas le cinéma.
M
"Car la vie d’artiste, avec ou sans Ferré, c’est avant tout la solitude."<br /> La vie tout court, la plupart du temps! Mais tout cela se soigne... ;)
G
Ne me tente pas bcp bizarement, sans plus
P
Charmant film ! <br /> Pas le film de l'année mais à voir !
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