Mostra
Happy birthday
Dès mercredi, la Mostra de Venise fêtera son 75e anniversaire. Soixante-quinze bougies pour un nombre d'éditions limité à 64. Il en
manque onze et ce taux inhabituel d'«années sans» raconte à lui seul
quelles vicissitudes cette manifestation, la plus vieille du monde, a
traversées. Et elle n'en est, de loin, toujours pas préservée: la
tornade Berlusconi, l'importance grandissante du Festival de Toronto à
la même date et, l'an dernier, la naissance du très commercial et
opulent Festival de Rome ont brinquebalé le Lido comme jamais.
Du coup, le souffler de bougies ne prête guère à la rigolade: en
guise de cadeau d'anniversaire, la Biennale de Venise, dont la Mostra
est en fait une section, n'inaugure toujours pas un Palais des
festivals digne de ce nom. Non, la Biennale lance une vaste recherche visant
à comparer le triangle d'or des manifestations cinématographiques,
Venise, Cannes et Berlin. Une étude qui a sans doute d'abord une idée
derrière la tête: défendre la Mostra à tout prix.
Soixante-quatorze films, pas moins, seront montrés pour la première
fois au monde ou hors de leur pays d'origine. Dix-sept seront des
premiers, deuxièmes ou troisièmes ouvrages: c'est la Mostra côté
découvertes. Trente pays seront représentés, dont les Etats-Unis, avec
une rafale de films très critiques sur l'Irak, et la Suisse, grâce à
Zoltan Horvath, sélectionné dans la compétition des courts métrages
avec son film d'animation intitulé Dans la Peau, ainsi que la RTSI et
Ventura Films, coproducteurs de Nessuna qualità agli eroi, un film de
l'Italien Paolo Franchi avec Bruno Todeschini et Irène Jacob qui sera
soumis au scintillant jury de la compétition officielle (uniquement des
réalisateurs - belle idée - dont Zhang Yimou, Jane Campion, Alejandro
Gonzalez Iñarritu, Paul Verhoeven).
Surtout, les plus grands anciens vont se croiser sur les 20
kilomètres carrés de l'île: Youssef Chahine, Brian De Palma, Peter
Greenaway, Ken Loach, Eric Rohmer, Manoel de Oliveira (qui fêtera ses
100 ans l'an prochain!), Woody Allen, Claude Chabrol, Takeshi Kitano ou
encore Bernardo Bertolucci. Le plus beau étant qu'ils ne viennent pas
pour une réunion d'anciens combattants, attroupés sur la plage de
l'Hôtel des Bains pour assister à la mort, à Venise, du cinéma comme
art, au profit de la victoire, à Rome, du cinéma comme marchandise:
tous, de Ken Loach à Eric Rohmer, ont un nouveau film à présenter.
64e Mostra internazionale d'arte cinematografica. Du 29 août au 8septembre. http://www.labiennale.org
PS pour JSA, non pour ASG : Fanny Ardant sera bien là ;-)