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Des gouts et des couleurs...
2 juillet 2007

Belle du Seigneur

Rappel d'une conversation avec...

L'histoire éditoriale de Belle du Seigneur est à elle seule un roman. Commencée en 1935, promise au public dès 1938, cette merveille des merveilles ne vit le jour, après force coupes et remaniements, qu'en 1968. Bien que le moment fût peu propice aux succès littéraires, Albert Cohen fit un malheur - et un malheur si durable que les éditions Gallimard jugèrent tout à fait prématuré d'envisager une édition de poche. Mieux, la Belle revêtit la reliure en peau de mouton havane de La Pléiade avant d'enfiler le modeste cartonnage blanc de la collection Folio. C'est seulement aujourd'hui, au bout de trente ans, qu'elle est enfin offerte à toutes les bourses. Une occasion à saisir pour assister à la rencontre de Solal et d'Ariane, d'un haut fonctionnaire de la SDN et d'une bourgeoise mal mariée, d'un aristocrate juif cosmopolite et d'une divine protestante genevoise.
Pendant plus de mille pages, Cohen mélange les genres: l'hymne à l'amour, la satire, le monologue avant-gardiste, la tragicomédie, la critique de mœurs, l'humour lyrique. Il hausse le ton, il force sa voix, il imite les accents les plus divers, il s'expose à tous les dangers, y compris au ridicule, il multiplie les acrobaties. Sans filet. Et jamais il ne trébuche. C'est incroyable. On a souvent envie d'applaudir. Parfois on n'en croit pas ses yeux. Car, depuis un demi-siècle, il n'y a pas eu cinq romans de langue française qui virevoltent à pareille altitude.

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