Le scaphandre et le papillon
Elle est pas belle la vie ?
Il y a des films que l'on va voir à reculons, parce que l'histoire nous est trop proche, trop douloureuse. Le scaphandre et le papillon fait, pour moi, partie de cette catégorie-là.
En 1995, un accident vasculaire cérébral plonge Jean-Dominique Bauby, journaliste, dans le coma. À son réveil, il ne peut plus bouger, parler ni même respirer sans assistance. Seul un oeil bouge. Cet oeil, devient son lien avec le monde. Pragmatique, le toubib énonce le diagnostic: «On peut prolonger la vie...» Et lui de répondre dans ses pensées, parce qu'il ne peut plus être entendu: «Ca, c'est la vie ?»
Rédacteur en chef du magazine Elle, Jean-Dominique Bauby est victime d'une
attaque qui au sortir de trois semaines de coma le laisse paralysé de la tête
aux pieds. Il voit et il entend le monde extérieur, mais pour communiquer avec
les autres, il ne lui reste plus que le battement d'une paupière. Il clignera
une fois pour dire « oui », deux pour « non ». A force de courage, de volonté et
de travail, de sa part et du corps médical qui s'est attaché à lui, il
parviendra à dicter un roman. Un témoignage bouleversant qui sera un énorme
succès de librairie, peu avant qu'il ne décède.
Steven Spielberg avait acheté les droits. Il n'a pu aller au bout de ses
intentions d'en faire un film. Mais son compatriote Julian Schnabel, auteur
notamment d'une vie de Basquiat, se retrouve à la mise en scène, très subtile et
inventive, d'une production française portée par Claude Berri. Avec un
pathétique Mathieu Amalric chaleureusement entouré de Marie-José Croze,
Emmanuelle Seigner, Anne Consigny....Le défi était énorme: il n'y avait rien de
moins cinématographique que ce récit. Le résultat est étonnant de vitalité, de
tendresse et d'émotion. Les premières séquences, filmées à travers le regard de
Bauby, sont impressionnantes et dérangeantes, dans leur mouvement constant,
symbole du désarroi qui étouffe le malade. Mais peu à peu il se fait à son sort,
qui lui laisse l'imagination et la mémoire, et il noue avec l'extérieur un
dialogue d'où l'humour n'est pas banni. Au rythme de flashbacks denses, et de
rencontres intenses, mais sans verser dans le lacrymal, sa vie en sursis avance
vers l'apaisement et la sérénité. Dans un compte à rebours qui lui est imposé
mais qu'il ne veut pas subir.