La vie des autres
Génération Derrick
Le ministre de la culture est amoureux. Il en pince pour une belle actrice mais celle-ci est la compagne d'un auteur de théâtre. Pour se débarrasser de ce rival, l'homme politique le fait observer et écouter par un officier de la Stasi. Parce que ça se passe à Berlin-Est, en 1984.
Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. Ce premier film de Florian Henckel von Donnersmarck est d’abord un captivant suspense d’espionnage politique, qui montre avec une vérité presque documentaire le fonctionnement des rouages de la Stasi, surveillance et délation parfaitement emboîtées pour broyer les êtres. Mais il montre aussi le jeu imprévisible de la liberté et de la bonté, minuscules grains de sable qui faussent le système totalitaire. La richesse des caractères donne à ce drame de magnifiques résonances humaines. Sur cette trame historique, Von Donnersmarck tisse un film complet, et bouleversant : non content de rappeler l'atmosphère de plomb qui régnait, il n`y pas si longtemps, dans l'ex-RDA, il raconte l`évolution personnelle et politique de ce drôle de trio avec une infinie délicatesse, sans jamais tomber ni dans le jugement ni dans un manichéisme réducteur.
Le cinéma allemand serait-il en pleine renaissance ? Après « Good Bye Lenin ! » et « la Chute », la sortie de ce très beau premier film d'un cinéaste d'une trentaine d'années (tu vois Libou tout n'est pas foutu !)tend à confirmer cette impression.