300
Pour la gloire ou pour le fric ?
«Seuls les durs et les forts peuvent se dire Spartiates,» prévient le roi Léonidas. Il faudra qu'ils soient durs et forts, les soldats de sa garde rapprochée, pour relever le défi qu'il leur impose. Ils ne sont que 300, mais à leur tête il entend repousser les dizaines de milliers de soldats de l'armée de Xerxès l'envahisseur perse. Ca se passait en l'an 480 avant notre ère, et ça s'appela la Bataille des Thermopyles.
Le cinéma hollywoodien s'est déjà emparé de ce scénario improbable pour trousser quelques peplums à l'ancienne. Ce mélange d'aventure et de légende est remis au goût du jour, et pas seulement à cause du succès de Gladiator. Ce sont les techniques hypersophistiquées des ordinateurs qui permettent de mettre en mouvement les recherches visuelles des romans graphiques de Frank Miller, après la première tentative de Robert Rodriguez il y a deux ans dans Sin City.
Le très habile Zack Snyder, mis en selle par le succès international de son premier long-métrage, L'armée des morts, en a tiré un scénario simpliste et sommaire, et pourtant pas exempt d'ambiguïtés dans l'exaltation des valeurs de la société civile et guerrière de Sparte. Avec des personnages à peine travaillés dans des compositions des plus rudimentaires. Parce que bien sûr, l'essentiel de cette entreprise n'est pas là. Pour le metteur en scène, qui a beaucoup travaillé dans le spot et la vidéo musicale avant de s'orienter vers le cinéma, il s'agit d'installer à l'écran un univers visuel empreint de couleurs saturées et contrastées. Le résultat, à prendre avec la distance de l'humour et de la dérision, est un délire de kitsch et de baroque d'une extrême sophistication. Y a sûrement pas matière à se triturer les méninges, juste de quoi en prendre plein les yeux.