"Cahier de gribouillages"
Transformer l'ennui en énergie positive
Cette année, sous le sapin, les «grands» ont eu la surprise de trouver un Cahier de gribouillages. Est-ce bien sérieux? Oui, si l'on en croit la suite du titre: pour les adultes qui s'ennuient au bureau. C'est un petit cahier orange, style Clairefontaine, comme au cours préparatoire, mais où l'on apprend à transformer une facture en cocotte, à colorier des confettis («Découpe-les pour les lancer à la prochaine réunion»), à gribouiller des cafards et à faire des exercices d'écriture («Je ne suis pas content, je ne suis pas content...»).
Cet objet littéraire non identifié a séduit près de 100 000 facétieux tire-au-flanc en quelques semaines, culminant même un temps en tête du classement des meilleures ventes. Une divine surprise pour l'éditeur, Panama, qui n'en avait tiré que 5 000 au départ. On doit cette pochade un brin potache à Claire Faÿ, une graphiste française de 29 ans qui a fait ses gammes aux Beaux-Arts de Prague, où elle a été fascinée par l'école tchèque des sixties (Bohumil Stepan, etc.). Après avoir autoédité quelques livres-objets inventifs à une poignée d'exemplaires - sur la tour Eiffel ou la statue de la Liberté... - et publié un étonnant Cahier de taches (Paris Musées), cette amoureuse des jeux de mots et des dictionnaires a ressorti de ses cartons ce Cahier de gribouillages, qui avait déjà été publié confidentiellement sous forme de sous-main, il y a quatre ans, par une boîte de design. Jackpot sous le sapin! L'élève Faÿ croule sous les bons points.
Mais faut-il voir dans ce cahier une savoureuse madeleine nous renvoyant aux temps heureux de la communale ou un subversif brûlot antitravail dans la lignée de Bonjour paresse, de Corinne Maier?