"Quand j'étais chanteur"
Ma pauvre Cécile... Ma superbe Cécile
Alain Moreau, chanteur de bals en province vit au jour le jour soutenu par son ex-femme, devenue son manager. Lors d'une soirée de gala, il rencontre Marion, une jeune femme seule, récemment arrivée dans la région.A la hussarde. Et ça paie. Ce soir-là, Alain Moreau le chanteur de bals populaires s'attaque crânement à Marion, de passage dans la boîte où il se produit. Elle ne résistera pas à sa fougue. Pour elle comme pour lui, c'était vécu comme une aventure sans lendemain et pourtant c'est au réveil que les choses vont se compliquer. Parce que le coeur s'en mêle, il imagine battre les prolongations.
Une petite musique de douceur et de tendresse pour faire chanter une histoire d'amour à l'envers, que l'on n'avait pas senti venir. Après une entrée en cinéma rude et âpre qui l'avait vu mettre en scène Les corps impatients puis Une aventure, Xavier Giannoli se laisse aller aux palpitations subtiles et généreuses d'une chronique craquante. Le monde qu'il raconte met son humeur légère en verve, il en fait une description pertinente et amusée, loin de toute allusion méchante ou corrosive. Le ton que choisit sa narration n'est pas celui du mépris ni même de la caricature. Tout en pudeur, il les chérit, ses deux personnages qu'il rend attachants. Entre mensonges et dérobades, ils se livrent à un joli jeu de cache-cache sentimental pour essayer de composer avec un destin amoureux qui les attire et les affole en même temps.
Le bonheur de cette mélodie douce est entretenu par un tandem installé au plus efficace de sa force émotionnelle. La frémissante Cécile de France arpente de nouveaux territoires. Femme mélancolique et désabusée, elle croit avoir mis son coeur meurtri en jachère après son divorce pour ne plus s'inquiéter que de son fils. Mais cette fausse assurance détachée qu'elle se donne ne résiste pas au charme de ce nouveau venu qui fait une irruption malicieuse dans ses sentiments. Et comment résisterait-elle au charme de Gérard Depardieu? On le voir là dans l'un de ses meilleurs rôles, porté par une forme expressive que l'on ne lui avait pas connue depuis belle lurette, et qui aurait bien méritée d'être saluée par la palmarès du festival de Cannes au printemps dernier. Faussement balourd, ce roc trop sûr de lui se découvre des sentiments d'adolescent, pris au piège d'une fraîcheur gommée par l'habitude des succès routiniers et l'aplomb de certitudes conquérantes. Le voici fragile, nature, sincère. Amoureux, quoi. Et tellement aimable avec ça.
A noter : 2 nominations aux Césars pour Cécile de France dans la catégorie meilleure actrice pour Fauteuils d'orchestre et Quand j'étais chanteur.