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Des gouts et des couleurs...
13 octobre 2006

Libérer l'histoire

L'Histoire fait débat

Cette fois-ci, ce sont les socialistes qui sont à l'origine de la discorde. C'est, en effet, le groupe PS qui a déposé une proposition de loi visant à faire de la négation du génocide arménien un délit puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. Pour les promoteurs de cette initiative, et notamment pour Christophe Masse, le rapporteur de la proposition de loi, il s'agit de «donner une force contraignante» au texte qui reconnaît le génocide arménien, adopté en janvier 2001. A l'instar de ce qui avait été fait pour la négation du génocide des juifs durant le Seconde Guerre mondiale, grâce à la loi Gayssot de 1990. Un député socialiste, Eric Besson, explique : «A partir du moment où la France a dit que le génocide arménien a existé, il faut que ceux qui le nient puissent être sanctionnés. Cela passe par une loi… C'est notre conception du crime contre l'humanité, il ne peut pas être nié».

Et c'est bien là que se noue le débat. Une chose est de faire une «proclamation solennelle», une autre est de légiférer pour punir dans un domaine qui relève de l'histoire. Autrement dit : où s'arrête la tâche du législateur et où commence celle des historiens ? Ce débat n'est pas inédit en France. Il a déjà eu lieu il n'y a pas si longtemps, lors de l'examen de la loi sur les rapatriés. L'article qui reconnaissait le «rôle positif de la présence française outre-mer, et notamment en Afrique du Nord», amendé par les députés UMP, avait été à l'origine d'une très vive polémique avec les ex-colonies de la France, mais aussi, dans le pays, entre les différents courants politiques.

Il est certain que l'Histoire n'est pas le pré carré des historiens. L'insupportable, c'est qu'une loi dise aux historiens et aux enseignants qu'il faut, par exemple, présenter un bilan positif de la colonisation. Cela revient à introduire un jugement de valeur dans une discipline, l'histoire, qui est normalement tournée vers la compréhension et l'explication des phénomènes. C'est là toute la différence entre l'histoire et la mémoire.

 


Bref, en suivant la définition de l'historien Marc Bloch, il faut défendre la différence entre l'histoire, qui explique et tâche de faire comprendre, et la mémoire, qui juge. Si l'on confond les deux, on perd de notre légitimité.

 

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Commentaires
T
Non, à l'histoire dictée par l'Etat !
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