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Des gouts et des couleurs...
3 mai 2006

Les nymphéas à l'Orangerie

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Dans une lettre du 12 novembre 1918, au lendemain de l'armistice, Claude Monet, alors âgé de 78 ans, propose à Clemenceau de faire don à la France de deux panneaux décoratifs sur le thème des nymphéas. Complice de longue date du peintre, le Tigre se fera le meilleur avocat de celui qu'il nomme amicalement «Vénérable Débris» ou «Vieux Crustacé». Pour héberger ces Nymphéas, le site de la serre de l'Orangerie sera finalement retenu. Habitué des séries (cathédrales, meules, peupliers), Monet travaille, depuis les années 1890, sur ce thème qui se révélera le couronnement de sa carrière. Dans sa propriété de Giverny, il s'est mis à cultiver toutes sortes de fleurs, narcisses, azalées ou capucines, et a fait aménager un bassin alimenté par l'Epte. Le spectacle de cette nature aux couleurs et reflets changeants le captive jusqu'à l'obsession. Mais le peintre jardinier ne s'est pas rendu compte de l'ampleur de son engagement. Craignant d'y perdre la vue, il menace même de tout abandonner. En avril 1926, le travail titanesque est cependant achevé. L'ensemble - 8 compositions réalisées en 22 panneaux - sera installé, selon la volonté de Monet, dans deux vastes salles ovales de l'Orangerie, baignées de lumière naturelle, afin d'offrir l'«asile d'une méditation paisible».

 

Malgré ses mésaventures, l'Orangerie est devenue dans les années 1990 le troisième musée parisien, après le Louvre et Orsay. 500 000 visiteurs s'y pressaient chaque année pour contempler les Nymphéas et la collection Walter-Guillaume. Pourtant, dès qu'il en a pris les rênes, en 1993, Pierre Georgel, l'actuel directeur, a milité pour que l'institution retrouve son identité. Menée sous la houlette de l'agence d'architecture Brochet/ Lajus/Pueyo, la rénovation, d'un coût de 28 millions d'euros, qui s'achève après cinq années de travaux, vise d'abord à redonner une position centrale aux mythiques Nymphéas. Les architectes ont donc abattu les couloirs et l'escalier monumental qui en empêchaient l'accès. Ils ont surtout restitué l'éclairage zénithal. Par crainte de toucher à la structure du bâtiment, ils ont partiellement conservé le premier étage, en le perçant de deux puits de lumière, immenses trémies circulaires surmontées de cônes en plâtre semblables à des abat-jour géants, qui filtrent les rayons jour et nuit, car les Nymphéas craignent aussi bien le soleil que la lune.

Le musée a presque doublé sa superficie, qui atteint aujourd'hui 6 300 mètres carrés, grâce à l'adjonction d'un auditorium et d'une salle d'expositions temporaires. En sous-sol, des galeries aux murs de béton brut, matériau actuellement très tendance (trop, peut-être), ont également été creusées, permettant d'accueillir la fameuse collection Walter-Guillaume. On y trouve aussi quelques vestiges des fortifications de Charles IX mis au jour en cours de chantier. Rouvertes, les façades nord et sud donnent désormais sur les Tuileries. Un havre de paix dans la fureur de la ville.



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